« Le fait que l’on choisisse des opposants … est très inquiétant », a déclaré M. Bemba à la télévision France 24, ajoutant que la nation agitée serait témoin « d’une parodie d’une élection. La Cour constitutionnelle suit les ordres du gouvernement (…) tout cela pour faire en sorte que le candidat du gouvernement n’ait pas un adversaire sérieux », a-t-il déclaré.

L’ancienne colonie belge n’a pas connu de transition pacifique depuis 1960. Kabila, au pouvoir depuis 2001, a finalement déclaré qu’il ne se présenterait plus après avoir gardé le silence sur la question pendant des mois, alimentant les tensions et les troubles meurtriers dans le pays instable d’Afrique centrale. M. Bemba s’est déclaré candidat après son retour triomphal de Belgique, avec des dizaines de milliers de partisans qui l’ont accueilli après que la CPI basée à La Haye l’a acquitté de ses accusations de crimes de guerre.

Le président, dont le deuxième et dernier mandat a pris fin il y a deux ans, a désigné son ancien ministre de l’Intérieur, Ramazani Shadary, comme son successeur.

Kabila a nommé l'ancien ministre de l'Intérieur Ramazani Shadary comme son successeur© Fourni par l’AFP, Kabila a nommé l’ancien ministre de l’Intérieur Ramazani Shadary comme son successeur

Controversé jugement

En juin, un juge de la Cour pénale internationale, divisé en cinq juges, a annulé la condamnation de Bemba en 2016 et la peine de 18 ans d’emprisonnement pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité commis par ses troupes au voisin République centrafricaine en 2003. Cependant, Bemba et cinq co-accusés ont été condamnés en appel pour corruption, corruption et coaching 14 la défense témoins dans son procès principal.Plus tard ce mois-ci, le tribunal international condamnera l’ancien vice-président pour corruption de témoins.

L e parti de Bemba, le Mouvement de libération congolais (MLC), a averti mardi qu’il pourrait lancer « une action citoyenne à grande échelle » en réponse à son interdiction de la compétition présidentielle. Le parti a déclaré qu’il mettait en place un comité de crise pour «élaborer un programme d’actions» avec d’autres groupes d’opposition pour permettre aux gens de revendiquer leurs droits. « Personne ne pourra blâmer (le MLC) pour une action citoyenne à grande échelle », a déclaré son secrétaire général Eve Bazaiba.

Kabila, qui a pris la relève en 2001 après l’assassinat de son père Laurent-Désiré Kabila par un garde du corps, est un archi-ennemi de Bemba. Son mandat sur le vaste pays riche en minéraux a été marqué par des allégations de corruption, d’inégalitéet troubles.

Bemba a perdu les élections présidentielles à Kabila en 2006 et a ensuite été accusé de trahison lorsque ses gardes du corps ont affronté l’armée à Kinshasa. En 2007, il s’est enfui en Belgique, où il avait passé une partie de sa jeunesse. Il a ensuite été arrêté en Europe sur mandat de la CPI pour crimes de guerre commis par son armée privée en République centrafricaine en 2002-2003, alors que son président, Ange-Félix Patassé, sollicitait son aide pour repousser une tentative de coup d’Etat.

Miniature Mobutu

Bemba, qui était vice-président d’un gouvernement intérimaire en 2003-2006, est né le 4 novembre 1962 à Bogada, dans la province du nord-ouest de l’Équateur. Son père était un riche homme d’affaires proche du dictateur Mobutu Sese Seko, qui a régné de 1965 jusqu’à son éviction en 1997.

Il a quitté le pays en 1997 après que Laurent-Désiré eut évincé Mobutu. Une guerre a suivi un an plus tard et a duré jusqu’en 2003, attirant des soutiens étrangers de part et d’autre. Bemba est devenu chef des rebelles du MLC, une force de 1500 hommes soutenue par voisin Ouganda et opposé au régime de Kabila.

Le MLC, devenu un parti politique, a également appelé mardi la CPI à être plus « précise » sur sa décision, affirmant que Bemba avait été injustement interdit par la Cour constitutionnelle.