QUE RETENIR DE LA PARTICIPATION DU CIFOR-ICRAF A LA CONFERENCE DU PFBC SUR LA CRIMINALITE ENVIRONNEMENTALE ET LE CONFLIT HOMME-FAUNE?
Le CIFOR-ICRAF, acteur majeur de la recherche environnementale, a activement participé à la conférence du Partenariat pour les Forêts du Bassin du Congo (PFBC) sur la criminalité environnementale et le conflit homme-faune. Cet événement crucial pour la protection de la biodiversité en Afrique centrale s’est tenu à Libreville, capitale gabonaise, du 7 au 11 juillet 2025.
Lors de ces assises, les résultats de plusieurs études menées dans le cadre du programme RESSAC et d’autres initiatives ont été présentés. Ces recherches, axées notamment sur la problématique complexe du conflit homme-faune, visent à éclairer la prise de décision des politiques publiques et à proposer des solutions innovantes pour une coexistence harmonieuse entre les communautés humaines et la faune sauvage.
« Nous avons eu l’opportunité de présenter ces travaux réalisés depuis deux ou trois ans pour montrer comment les études sur les sciences sociales peuvent permettre de mieux comprendre les informations écologiques et mieux informer la prise de décision », a souligné Dre Marie-Louise Avana, chercheuse au CIFOR-ICRAF.
Les présentations du CIFOR-ICRAF ont mis en lumière des données essentielles pour une meilleure compréhension des dynamiques en jeu et l’élaboration de stratégies efficaces afin de réduire les tensions et de protéger les écosystèmes fragiles.
« Le projet que je mène vise à comprendre les différentes facettes des interactions entre les humains et les forêts, qu’il s’agisse de l’agriculture d’un côté ou des activités extractives de l’autre », a indiqué Etienne Borel, chercheur au CIFOR-ICRAF.
Cette conférence a constitué une plateforme d’échange indispensable pour les décideurs, les chercheurs et les parties prenantes, soulignant l’importance d’une approche collaborative pour relever les défis environnementaux actuels et futurs.
Le CIFOR-ICRAF a marqué cette conférence en présentant aux décideurs politiques et aux bailleurs de fonds l’édition 2025 du rapport de l’Observatoire des Forêts d’Afrique Centrale (OFAC), intitulé « État des forêts d’Afrique centrale, mise en œuvre des conventions internationales sur l’environnement ». Ce rapport met en évidence les défis persistants auxquels les États de la région sont confrontés dans l’application de leurs engagements environnementaux internationaux.
« Nous nous sommes dit que nous n’allions pas continuer à présenter l’état des forêts sans nous interroger sur la mise en œuvre des conventions au niveau de la sous-région », a révélé Dr Abdon Awono, du CIFOR-ICRAF.
Pour Richard Eba’a Atyi, qui a dirigé cette recherche, les pays de la sous-région sont très limités dans la mise en œuvre de plusieurs conventions auxquelles ils ont adhéré volontairement. Plusieurs facteurs sont à la base de cette situation, estime-t-il, notamment les intérêts. « De manière générale, les accords sont effectifs, mais les pays d’Afrique centrale ne remplissent pas souvent leurs obligations ».
Parallèlement, la Commission des Forêts d’Afrique Centrale (COMIFAC) a saisi cette occasion pour dévoiler l’ébauche de son rapport sur l’état des aires protégées d’Afrique centrale. L’objectif de cette présentation était de recueillir les recommandations des diverses parties prenantes en vue de finaliser cet ouvrage majeur. Sa publication est prévue avant la COP 30, qui se tiendra à Belém.
« L’État des aires protégées d’Afrique centrale est pour nous un outil stratégique pour les négociations internationales », a révélé le secrétaire exécutif adjoint de la COMIFAC, Shouaïbou Nchoutpouen. « Dans cette publication, on va retrouver des données scientifiques bien chiffrées qui permettent aux décideurs politiques de la sous-région de prendre de bonnes décisions en matière de gestion durable des aires protégées ».
Le séjour des experts du CIFOR-ICRAF à Libreville a également été l’occasion d’une audience avec le Ministre gabonais de l’Enseignement Supérieur. Cette rencontre a permis d’obtenir le soutien du ministre pour l’organisation, en novembre prochain à Libreville, d’un colloque scientifique international. Cet événement aura pour but de partager les résultats à mi-parcours du programme RESSAC, une initiative financée par l’Union européenne. Le programme RESSAC soutient actuellement 27 projets de recherche appliquée, répartis dans 11 pays d’Afrique centrale, témoignant de l’engagement régional en faveur de la recherche environnementale.
« Il y aura un dialogue science-politique qui sera développé. On espère qu’on aura de très bons résultats », a précisé docteur Richard Sufo, coordonnateur du projet RESSAC.
Il est à noter par ailleurs que les activités du CIFOR-ICRAF ont été couronnées par un atelier de renforcement des capacités en gestion et analyse de statistiques des données, organisé en faveur des doctorants venus de quelques pays de la sous-région.
« Ils viennent de différents domaines avec des spécialités bien spécifiques. Je pense que la maîtrise des données biostatiques rend beaucoup plus efficaces les travaux de recherche de ces doctorants », a mentionné le formateur, Michel Ndoumbe.
Les participants à cette formation ont trouvé cette initiative opportune, car les nouvelles connaissances acquises leur permettront d’améliorer la qualité de leurs recherches.
Alfredo Prince NTUMBA