REVUE DE LA PRESSE CONGOLAISE DE CE MARDI 22 mai 2018 (CongoForum)
Le mouvement de grève des taxis à Kinshasacommencé hier lundisuscite les commentaires de la presse kinoise en ce mardi 22 mai 2018. Le climat d’intimidation et de répression pré-électoral en RDC a été en core une fois dénoncé par unne déclaration d’Amnesty International : Cependant une page noire s’est invitée dans cette revuecelle relative à la mort d’un confrère de la place. Ce deuil frappe la rédaction de Forum des As.
Le Phare titre «Kinshasa KO debout : la gifle des transporteurs !»
« La ville de Kinshasa étrait KO debout durant toute la journée d’hier lndi suite à la giffle des chauffeurs taxi et taxi-busmécontents à la fois des réajustements à répétition des prix de vente de l’essence et du gasoildes tracasseries policières et la chasse aux « Ketchs ». Les usagers des transports en commun se sont brutalement rendu compte des limites des parcs automobiles des sociétés de transports publiques qui avaient du mal à se mettre en mouvementbrûlant du reste tous les arrêts intermédiaires entre les points et les terminus ».
Des milliers de Kinoises et Kinois se sont tapés de longues marches à pieds pour rejoindre leurs lieux de travail ou de la débrouilleleurs écoles ou universitésrapporte Le Phareexpliquant ce « KO » par la grève lundi 21 mai 2018 des chauffeurs des taxis et taxi-busmécontents à la fois des réajustements à répétition des prix de vente de l’essence et du gasoildes tracasseries policières et de la « chasse aux ketchs ».
Le journal voit dans cette «gifle des transporteurs» un message aux autorités politiques et administratives ainsi qu’aux usagers des transports en commun qu’ils sont capables de paralyser plusieurs villes voire le pays. Le quotidien appelle dès lors les autorités congolaises à un examen «responsable» des doléances qu’ils posent.
Une interpellation qui vaut son pesant d’or dans la mesure où ce mouvement de grève risque de durer trois jours si l’on en tient aux indiscrétions d’un cadre de l’ACCOrelève Capsud.net.
Forum des As s’inquiète déjà du risque d’embrasement « Pour prévenir tout débordement ou toute récupération malveillante en cette période si politiquement sensiblele Gouvernement invité à vite trouver des solutions aux préoccupations de l’ACCO.
C’est en début d’après-midi que le trafic a timidement repris sur les routes de Kinshasa. Taximen et autres transporteurs moyens avaient repris du service. Ce qui pousse certains observateurs à anticiper la situation de ce matin. Nombre de Kinois pensent qu’au deuxième jour de la grève ce mardi 22 maile transport en commun pourrait revenir à la normale. Cardans le contexte social général des Congolaisune paralysie d’activité de plusieurs jours par des personnes qui vivent du jour au journ’a pas beaucoup de chance d’être observée. Et dire que la plupart des automobilistes exploitant le transport en commun à Kinshasafont justement partie de ces millions de Congolais voués au carpe diem.
Dans leur motivation de la suspension de serviceles transporteurs en commun dénoncent ce qu’ils appellent eux-mêmes » tracasseries policières « . Pas tout. Ils exigent également de l’autorité urbainele respect de la nouvelle structure de prix du transportainsi que la révision à la baissedu prix du litre à la pompe. Cependantjusqu’hieron ignorait encore ce qu’en pense le Gouvernement provincial de Kinshasa. En tout casaucune promesse n’a été faite. Ne serait-ce que dans le sens d’une accalmie négociée. Le ministre national de l’Economiel’Udps Paul Kapikaa juste exhorté les conducteurs à reprendre le travail.
La question qui se pose est celle de savoir jusqu’où irait le bras de fer Hôtel de ville de Kinshasa – transporteurs en commun. Toutefoisdes observateurs avisés pensent que l’Exécutif provincial a intérêtà trouver le plus tôt possibledes solutions aux désidératas des automobilistes. Peut-être pas à 100%. Mais du moins en ce qui concerne des considérations ne relevant peut-être pas directement du Commerce international. Le cas du prix du litre à la pompe. Carce produit étant importéle prix de vente obéit généralement à la donne sur le marché international.
Le contexte sociopolitique actuel en RD Congo étant ce qu’il estcertains politiciens en mal de visibilitéet surtout de stratégieprofitent généralement de grognes et autres mouvements sociaux. Dans une sorte d’attentisme qui ne dit pas clairement son nomces acteurs politiques sautent sur chaque occasion qui s’offre à eux. On l’a plusieurs fois expérimenté lors des manifestations attribuées aux étudiants. Les leçons d’histoire indiquent à cet effetque souventles manifestants sont des badaudsmilitants des partis politiques « instrumentalisés » pour une cause que seuls maitrisent leurs commanditaires opérant dans l’ombre..
En rapport avec le débrayage des chauffeurs hier mardicertains Kinois attentifs ont également observé une certaine tendance à une récupération (malveillante ?) de la situation. En ce moment précis où le pays s’apprête à aller aux élections prévues en décembre prochainet compte tenu de la tension sociale latente au sein d’une frange de la populationnul sage ne conseillerait donc d’entretenir une situation confuse. Moralitél’Hôtel de ville de Kinshasa aune fois encoreintérêt à éviter des frictions dans certains secteurs sensibles de la vie sociale. Le cas du transport en commun. Caron ne sait toujours pas d’où pourrait provenir le coup. Gouverner c’est prévoirdisait Emile de Girardin ».
« Commune de N’Djili : la grèveune aubaine pour les motards »selon FdA. Dans cet autre articlece journal rélève que : « Les motards opérant dans la commune de N’djili se sont frotté les mains hier lundi. La grève observée par les transporteurs kinois leur a laissé le champ libre. Faute de moyens de transport en communce sont ces derniers qui assuraient les déplacements des personnes en lieu et place des taxis ou taxis-bus. Ce qui a constitué une aubainecar Ils ont réalisé plus de recettes que d’habitude ».
« Suite à la grève des transporteurs: L’Hôtel de villela Police et l’ACCO trouvent un compromis »annonce pour sa part L’Avenirqui déplore : « Pendant que le président de l’Association des chauffeurs du Congo (ACCO) était passédimanche dernier dans les médias pour démentir la menace de grève des transporteurs privésles Kinois ont été surpris hier matin de constater qu’il n’y avait pas de transport en commun privé ».
Preuveconsidère-t-ilque le mot d’ordre de la grève a été observé et dans certaines communesdes bus ont été caillassés et quiconque se permettait de sortir son taxi était considéré comme un traitre..
Et pourtantajoute-t-illes Kinoismieux ceux qui doivent sortir de chez eux pour aller au serviceles élèvesles fonctionnaires et autres femmes commerçantes étaient nombreux dans les principales artèresquestion d’avancer un peu et espérer trouver un transport. L’Avenir fait savoir qu’à la suite de la grève des transporteursl’Hôtel de villela Police et l’ACCO ont trouvé un compromisau terme d’une réunion tripartite organisée lundi dans l’après-midi à l’Hôtel de ville.
Sur la question du réajustement du prix du transport en communle gouverneur de la ville a confirmé avoir été l’auteur de l’arrêté qui a revu à la hausse de 10 à 20 % le prix du transport en commun et a appelé au respect de ce réajustement des prix du transport.
Au sujet des tracasseries policièrespoursuit ce quotidienM. Kimbuta a promis aux chauffeurs «qu’il n’y aura plus cette histoire de Bureau 2 dans toute la ville de Kinshasa». Concernant les «ketchs teintés»André Kimbuta souligne que c’est aujourd’hui le 22 mai que la Police devait commencer le contrôle. «Mais en tant que père de familleje leur donne encore jusqu’au 30 mai 2018 pour se conformer par rapport à la couleur et le numéro d’identification»a-t-il dit aux chauffeursselon le journal.
Pour sa partle ministre de l’Economie Joseph Kapika a convoqué une réunion ce mardi avec certains acteurs dont la Banque Centrale du Congol’Inspection générale de la Police Nationale du Congol’Hôtel de Ville de Kinshasales sociétés de transport en commun tels que Transco et New Transkin et les transporteurs privés pour réfléchir et trouver une solution idoine à la question du prix du carburant posée par les grévistesannonce La Prospérité.
Et devant l’ampleur de la situationil a lancé un appel à tous les transporteurs de reprendre du travail ce mardi et s’est indigné du comportement des responsables des Parkings qui rançonnent les chauffeurslit-on dans les colonnes du quotidien.
Le Potentiel titre « Débrayage des trranspoteurs à Kinshasa : la population dénonce l’indécision des autorités »à propos de la grève des transporteurs« Les hésitations du gouvernement provincial ont provoqué des tensions observées entre transporteurs privés et clientsconduisant à la paralysie de la journée de lundi.»
Droits de l’Homme
La Tempête des Tropiques titre « Dans une déclaration diffusée par Amnesty International : Le climat d’intimidation et de répression pré-électoral en RDC dénoncé ! » « Amnesty International se dit préoccupée par les violations des droits humains qui persistent en RDC et par le climat d’intimidation et de répression qui y sévit dans le contexte des élections à venir.
Dans une déclaration publique diffusée le 18 mai 2018l’organisation invite les autorités de la RDC à mettre en œuvre cinq mesures urgentes.
Amnesty International invite le ministre de l’Intérieur de la RDC à lever sans délai et officiellement la directive du gouvernement qui interdit toute manifestation publiquedisposition qui est contraire à la Constitution. Henri Mova devra également faire en sorte que les autorités chargées de l’application des lois en RDC respectent les droits à la liberté d’expression et de réunion pacifique.
Cette organisation Internationale de défense des droits de l’homme prie le gouvernement congolais à traduire en justice tous les responsables présumés des violations des droits humainsnotamment les membres des forces de sécurité et ceux de l’autorité administrativequi ont commisordonné ou encouragé l’usage de la force excessive pour disperser les manifestations pacifiques organisées par le Comité laïc de coordination catholique le 31 décembre 2017le 21 janvier 2018 et le 25 février 2018.
L’ONG exige la libération sans délai et sans condition de toutes les personnes qui sont détenues seulement pour avoir exercé leur droit à la liberté d’expression et à manifester pacifiquement. Allusion faite aux quatre militants de Filimbi qui sont maintenus en détention à Kinshasa depuis le 30 décembre 2017.
« Les autorités doivent mettre en œuvre complètement et sans plus attendre toutes les recommandations faites par la commission d’enquête mixte concernant les événements des 31 décembre 2017 et 21 janvier 2018et la ministre des Droits Humains doit proroger le mandat de la commission d’enquête mixte et le gouvernement doit lui fournir les moyens pour qu’elle continue à mener des enquêtes sur les autres violations de droits humains qui ont été commises lors des manifestations à Kinshasa et dans d’autres régions du pays »suggère Amnesty International.
A en croire Amnesty Internationalces mesures concrètes qu’elle propose visent à faire respecter les droits à la liberté d’expression et de réunion pacifique et à amener les responsables présumés à rendre des comptes. Amnesty International estime qu’il y a un risque élevé que d’autres violations des droits humains soient commises en RDC.
Des femmes membres de la société civile brutalisées à Mbuji-Mayi
Les coordonnateurs provinciaux de la Nouvelle société civile congolaise (NSCC) de la RDC ont dénoncé la dispersion dans la brutalité par les éléments de la police nationale congolaise des femmes à Mbuji-Mayichef-lieu de la province du Kasaï Oriental au centre du pays.
Ces dernières ont marché pacifiquement le mardi 15 mai 2018pour dénoncer la pénurie d’eau dans la ville et déposer leur memo à la Mairie. Et cemalgré l’information préalable donnée à l’autorité urbaine conformément aux dispositions pertinentes de la Constitution. Face à cette situationles coordonnateurs provinciaux de la NSCC ont déploré « la violation flagrante » des dispositions pertinentes en matière de libertés publiques garanties par la Constitution de la RDCla déclaration universelle des droits de l’Hommel’acte international relatif aux droits civiques et politiquesla charte africaine des droits de l’homme et des peuples par la police nationale.
« Nouscoordonnateurs provinciaux de la NSCCmarquons notre soutien total à l’action initiée par les femmes du Kasaï Oriental avec en tête nos deux collègues Rachel Kapinga et Sarah Balengacondamnons ces actes qui n’honorent pas l’image de la police nationale et appelons nos autorités politico-administratives de Mbuji–Mayi au respect des lois de la Républiqueetexigeons à la Mairie de Mbuji-Mayi de résoudre en toute urgence le problème de la pénurie d’eau dans la ville de Mbuji-Mayi et ses environs »conclu le communiqué ».
Nécrologie
Forum des Asorgane dans lequel il prestait s’exclame: « Marcellin Manduakila n’est plus ! »
Puis ce journal témoigne : « Jovialenthousiastetaquinle Directeur de rédaction de ’’Forum des As’’s’est illustré par son dévouement et son amour du travail bien fait. On retient de lui sa maitrise du microcosme politique congolais qu’il a eu à fréquenter tout au long de sa carrière. C’est d’ailleurs riche de cette expérience que ce journaliste de talent a initié trois rubriques qui ont fait sa renommée : ’’Bourgmestre à la barre !’’ (une série des philippiques à l’égard des autorités municipales qui avaient du mal à bien gérer le patrimoine public)’’Le Temps efface les idées’’ (où il ravivait les quolibets des couloirs politiques)… et ’’Echo d’outre tombe’’ (où il se plaisait à ressusciterà travers des interviews fictivesdes dirigeants politiques décédés) ».
Si un seul de ces rouages est défectueux ou grippécela met à néant la validité de tout le processus et les élections sont nulles. Schématiquementces conditions sont au nombre de sept:
2 – L’organisation pratique et matérielle des élections doit être confiée à une institution neutre et apolitique. C’est actuellement un point d’achoppement en RDC.
3 – Lorsque l’obstination d’un Présidentjamais élu comme en RDCou simplement arrivé en fin de mandatrend une Transition indispensablecelle-ci ne peut être présidée que par une personne consensuelle et qui s’engage à ne pas être candidate.
4 – La certification des résultats doit être confiée à un pouvoir judiciaire parfaitement indépendant.
5 – Toutes les opérationsdepuis les bureaux de vote jusqu’à la proclamation finaledoivent être parfaitement transparentessoumises à l’observationtant des témoins désignés par les candidats que des observateurs nationaux ou internationaux. En particulierles opérations électroniques doivent êtresoit évitéessoit soumises à une surveillance particulièrement scrupuleuse. (Même si elles ne concernent que la transmission des résultats des bureaux locaux au bureau central. Le souci affiché de « gagner du temps »peut cacher une intention de gagner l’élection… en trichant).
6 – Les élections doivent être organisées par ordre d’importance croissante : régionales et localesd’abordprovinciales et législatives ensuiteprésidentielle en fin de parcours.
7 – Là oùcomme en RDC depuis les élections de 2011l’on vit sous un régime illégitimeil ne saurait être question d’impunité. Il faut des enquêtes sérieuses pour déterminer les causes et origines des irrégularitésqu’on punisse les responsablesqu’on les écarte définitivement de toute responsabilité électorale et qu’on en tire les conséquences quant aux futures élections. Il aurait dû y avoir une protestation générale des démocrates de tous les partiscar un démocrate ne saurait accepter que son candidat gagne par la fraudela corruption et le mensonge.
L’on pourrait ajouter une huitième condition aux sept énumérées ici : le soutien ferme et sélectif de la «communauté internationale » aux démocraties en construction. Mais cela ne dépend pas des pays africains eux-mêmes.
© CongoForumle mardi 22 mai 2018