LE COMPROMIS DES EGLISES SUR LE DIALOGUE INCLUSIF 

Les chefs religieux, de toutes les tendances, affirment avoir harmonisé leurs feuilles de route et exhortent, au même moment, le garant de la nation à lancer officiellement le processus. « Nous exhortons le chef de l’Etat, conformément aux dispositions de l’article 69 de la Constitution, de prendre dans les meilleurs délais, des actes d’État destinés à lancer officiellement ce processus national et inclusif de la paix ».

Le plan adopté se décline en quatre étapes, à commencer par « un mois de la paix » avec des cultes œcuméniques organisés à travers le pays, y compris dans les zones sous contrôle de l’AFC/M23. Le défi à relever sera double, à savoir : la remise en question des pratiques culturelles et comportementales nuisibles et l’émergence d’un environnement psychologique et social pacifique, basé sur la fraternité, la solidarité, le respect mutuel, la coopération intercommunautaire et la bonne entente citoyenne.

En parallèle, seront conduites des missions de plaidoyer ciblées auprès de principales parties prenantes internes et externes, en vue de de contribuer à la décrispation de la situation politique, nécessaire pour garantir l’inclusivité ; faciliter l’harmonisation des préalables au lancement d’un dialogue inclusif ; encourager l’engagement formel des parties concernées autour de la feuille de route ; appuyer la mise en œuvre d’un cessez-le-feu effectif, dans le respect de la Déclaration de principes signée à Doha.

Le schéma prévoit en deuxième position un « dialogue des experts » destiné à poser les bases techniques du Pacte social pour la paix. « Il permettra aux universitaires, aux intellectuels, aux chercheurs, aux penseurs, aux experts et aux techniciens nationaux et ceux de la diaspora, qui seront appelés sur la base de la pertinence de leurs œuvres scientifiques, ainsi que l’excellence de leurs expériences professionnelles fonctionnelles, de contribuer à la mise en œuvre des solutions rationnelles, lucides et consensuelles aux termes des analyses des causes profondes de nombreuses crises qui ne cessent de crucifier le destin national congolais depuis l’indépendance du 30 juin 1960 ».

La troisième étape, c’est le dialogue politique pour parvenir à un « compromis » patriotique, privilégiant des solutions holistiques et durables aux causes profondes de cette crise multiforme qui se perpétue. « Le contenu de ce compromis n’étant ni préétabli ni pré-envisagé, il sera le fruit des libres et responsables échanges autour des préoccupations et désidérata politiques de parties prenantes ».

Enfin, les pasteurs proposent l’organisation d’une conférence internationale sur la paix et le bien-vivre dans la région des Grands-Lacs. « Nous avons ensemble opté pour la mise en place d’un Secrétariat technique, dont le rôle, outre que celui de la coordination opérationnelle générale du processus, en planifiant et accompagnant techniquement toutes les activités de cette initiative, sera chargé spécialement d’élaborer les dossiers techniques et les outils stratégiques devant structurer la démarche de plaidoyer à l’international, qui sera entrepris sous le leadership du président de la République », ont-ils conclu.

À l’occasion, les pères spirituels ont exprimé leurs vives inquiétudes face à la résurgence du conflit armé, soutenu par Kigali. À leurs yeux, cette situation ne fait qu’aggraver une insécurité déjà alimentée par la présence de nombreux groupes armés nationaux et étrangers. « Nous déplorons vivement la résurgence d’un nouveau conflit armé impliquant l’AFC/M23, soutenu par le Rwanda, qui s’ajoute à la présence déjà préoccupante de nombreux groupes armés, tant nationaux qu’étrangers », ont désapprouvé les signataires.

Le président de la République avait recommandé en juin dernier, la plateforme des confessions religieuses de s’accorder avec la CENCO et l’ECC sur l’organisation du dialogue intercongolais. La rencontre intervient quelques jours après celle tenue avec les catholiques et protestants, auteurs d’un rapport sur le « Pacte social pour la paix en RDC ».

L’archevêque Évariste Ejiba Yamapia, représentant légal de la plateforme, avait souligné que leur initiative interprofessionnelle pour la paix et la réconciliation complète celle de la CENCO et de l’ECC. Il a confirmé à ses pairs avoir reçu le soutien du chef de l’État pour fusionner les propositions. « Nous devons faire en sorte que la CENCO, l’ECC et nous, puissions, avec l’encadrement de la présidence, envisager les modalités de tout mettre ensemble ».

La délégation comprenait des représentants de l’Église du réveil, de la Communauté islamique, des Églises kimbanguiste, orthodoxe, anglicane, Bangunza, Liloba et de l’Armée du Salut. Tous les leaders religieux ont salué les efforts diplomatiques entrepris par la RDC pour identifier les auteurs des agressions contre le pays.