SOMMAIRE
L’adoption par le Sénat de la loi sur la répartition des sièges, la reconduction de Jean-Marc Kabund au poste de secrétaire général de l’UDPS ainsi que la suspension, au Palu, de son secrétaire permanent sont les sujets qui ont intéressé les médias parus à Kinshasa en ce samedi 5 mai 2018.
Processus électoral
Le Potentiel titre « Machine à voter, loi sur la répartition des sièges… : la MP prépare un hold-up électoral »
Ce journal qui constate l’adoption par le Sénat de la loi sur la répartition des sièges pense que le tour est joué. « Entre un improbable glissement et la nécessité d’organiser les élections en décembre 2018, la MP semble avoir fait son choix. Et pour arriver à ses fins, elle s’est appuyée sur la Commission électorale nationale indépendante (CENI) dont l’indépendance est mise en doute par l’Opposition » ;
Le Potentiel voit dans cette adoption de la loi sans un audit du fichier électoral un hold-up électoral et s’interroge : « Comment contrecarrer le hold-up électoral en cours de préparation ? »
C’est là qu’on attend l’Opposition, répond ce quotidien qui conseille à l’opposition de faire preuve de sa maturité et de sa cohésion en parlant d’une seule voix, tout en éveillant la conscience populaire.
Le Bulletin de l’ACP évoque la séance plénière d’hier, au Sénat, et titre : « Le projet de loi portant répartition des sièges pour les prochaines élections voté au Sénat ».
Le Sénat a voté vendredi en séance subséquente, par 65 voix et deux abstentions, sur 67 sénateurs présents, le projet de loi portant répartition des sièges pour les élections législatives, provinciales, municipales et locales en RDC, au cours d’une séance plénière dirigée par Léon Kengo wa Dondo, président de la Chambre haute du Parlement, rapporte l’ACP.
La Prospérité s’interroge « Elections 2018: Feinte ou réalité ? »
« Samedi 23 juin 2018, la CENI convoquera le corps électoral, selon le calendrier du 5 novembre 2017. Le jour suivant, dimanche 24 juin, elle ouvrira ses portes pour la réception des candidatures à la Députation Provinciale. Dimanche 22 juillet, selon le même calendrier, la CENI amorcera l’opération de réception des candidatures à la Députation Nationale et à la présidentielle 2018. Le 20 novembre, ce sera le début de la campagne électorale pour les élections jumelées de la présidentielle aux législatives nationales et provinciales qui seront organisées le même jour et en une seule séquence, conformément à l’une des options fondamentales de l’Accord de la Saint Sylvestre. A ce jour, où en est-on avec les préparatifs ?
La majorite en « ordre de bataille » ?
La Majorité, se prenant au sérieux, bat le rappel des troupes ! Kabila, quoiqu’attendu autrefois à Luanda où se devait se tenir un sommet des Chefs d’Etat des pays membres de la SADC, est passé, lui-même, au devant de la scène. Il a multiplié et continue à le faire, d’ailleurs, des contacts à caractère transversal.
Tantôt, des rencontres avec les alliés du Palu. Tantôt, des discussions et échanges avec les Députés de la Majorité. Tantôt, des séances de travail avec les membres de l’actuel gouvernement. Mais, le Président ne s’arrête pas là. Cherchant, sans doute, à arrondir ses angles, il n’a pas manqué, non plus, de tendre la perche aux anciens Ministres ainsi qu’aux nouvelles alliances de toutes sortes.
Au passage, il a procédé à un réaménagement au PPRD. Et, très prochainement, après l’arrivée de Shadary au Secrétariat Permanent, la confirmation de Tunda et consorts, un congrès est attendu pour finaliser la mise sur pied de nouvelles structures du parti présidentiel. Ainsi, pourra-t-on pourvoir au double vide, en désignant le Président et son Adjoint, deux principaux ténors dont les noms sont restés inconnus jusqu’à ce jour.
L’Opposition aiguise sa stratégie
Du côté de l’Opposition, alors que Fayulu continue avec l’exigence d’une transition sans Kabila, à Ensemble pour le changement, les journées portes ouvertes ont planté un tout nouveau décor. Katumbi est annoncé à Kinshasa pour le dépôt de sa candidature en juin prochain. Au Rassemblement et à l’Udps, Félix Tshisekedi est là. Il l’a dit dernièrement à N’djili, lors de son premier meeting populaire, qu’il n’était ni candidat Premier Ministre, ni quémandeur de la Primature. Comme pour dire qu’il est et demeure candidat déclaré à la présidentielle 2018 à l’issue de laquelle, il promet monts et merveilles au peuple congolais. Bien d’autres candidats ne s’offusquent pas, du côté de l’Opposition. François-Xavier Beltchika du CDPS, pendant que le tandem Kamerhe-Bemba se concerte, se positionne déjà dans la course au fauteuil présidentiel. Il garde, toutefois, l’espoir qu’au bout de compte, l’Opposition serait obligée de n’en présenter qu’un seul à l’aune d’un consensus basé sur des critères d’éligibilité bien clairs. Des outsiders ne sont pas, cependant, à écarter d’office.
Au niveau des congolais de la diaspora, l’économiste Noël Tshiani Muadiamvita ne baisse pas les bras. Depuis le pays de l’Oncle Sam, il remue dans la plaie de la crise congolaise et rejette des solutions cosmétiques. A la place, il propose un plan Marshall d’environ quatre-vingt milliards de dollars américains à investir en RD. Congo sur une durée de quinze ans. Un tel plan, il l’esquisse fort bien dans un livre de plusieurs pages intitulé : « la FORCE DU CHANGEMENT ».
Dans les rangs de la Société civile, même si lui-même ne l’avait jamais formellement confirmé, des avis seraient sur le point de considérer que le Dr Denis Mukwege, le Médecin-Directeur de l’Hôpital de Panzi, à Bukavu, au Sud-Kivu, ferait l’affaire des intellectuels actifs, pour affronter les autres candidats à la présidentielle 2018. Ses récentes accointances avec Macron semblent conforter cette thèse-là.
Mais, que pense le CLC du processus électoral?
Dans une nouvelle déclaration, le CLC lève la trêve qu’il avait décrétée. Il reprend du service et annonce, pour bientôt, des actions de grande envergure.
Le CLC parle de l’incertitude du calendrier électoral, de la partialité de la CENI, de l’instrumentalisation de la Cour Constitutionnel et de l’absence de la décrispation politique. Tout en soutenant la tenue des élections à la date fixée, le 23 décembre 2018, le CLC exige, plutôt, des garanties de transparence et de crédibilité.
A ce titre, il récuse l’intrusion de la machine à voter et craint que grâce à elle, la CENI dont la redynamisation n’a toujours pas été effective, soit amenée à organiser une parodie électorale. Voilà pourquoi, le CLC a, une fois de plus, lancé un appel à l’application rapide et complète de l’Accord de la Saint Sylvestre, en ce qui concerne notamment, la concrétisation de la décrispation politique, le respect des libertés ainsi que toutes les autres modalités d’accès à un processus électoral inclusif, ouvert, transparent, démocratique et juste.
La CENI va-t-elle foncer ?
Apparemment, oui. Ses dates sont confirmées. La loi électorale est là. Le budget est progressivement libéré. Et, dans les jours à venir, la loi portant répartition des sièges sera promulguée, au plus tard, le 8 mai 2018. Puisque le calendrier a été accepté par toutes les parties prenantes, il est évident que la CENI ira de l’avant, dans la réalisation de ce chronogramme.
Mais, le CLC n’acceptant pas de se laisser marcher sur la tête, sera tenté de passer à la contre-offensive. A son corps défendant, il ne manquera pas de s’accrocher à ses revendications..
D’où, des étincelles restent suspendues en l’air. D’aucuns craignent que de la nouvelle descalade en perspective, que l’actuel processus électoral soit atomisé. Doit-on penser que le MLC, en exigeant un dialogue technique, voit mieux que les autres ? »
UDPS
Actualité.cd se penche sur l’UDPS et écrit : « Kabund reconduit au poste de secrétaire général de l’UDPS ».
Au début du meeting de Félix Tshisekedi, président de l’Union pour la Démocratie et le Progrès Social (UDPS), à la Place Sainte Thérèse, dans la commune de N’djili, le 24 avril 2018, les militants avaient, par des chansons, réclamé la reconduction de Jean-Marc Kabund-a-Kabund au poste de secrétaire général du parti, rappelle ce média en ligne.
« Sans surprise, Félix Tshisekedi a exaucé le vœu de ces militants en reprenant Kabund au cœur de l’action du parti. L’annonce de sa reconduction comme n° 2 du parti a été faite le vendredi 4 mai 2018. », écrit l’ACP.
PALU
7/7.cd annonce l’exclusion du nouveau secrétaire permanent du Parti lumumbiste unifié (Palu) et titre : « Palu : le SG A. Gizenga exclut le SP Wolf Kimasa du parti pour un an, S. Ngabu assure l’intérim ».
Dans une décision parvenue à la rédaction de ce média ce samedi, « le Parti Lumumbiste Unifié (Palu) vient d’exclure temporairement son Secrétaire permanent Wolf Kimasa pendant une période d’une année. »
Il lui est reproché, selon cette décision, l’usurpation des attributions du congrès et du secrétaire général, chef du parti, le samedi 26 avril dernier, explique ce site. Avant d’indiquer que l’intérim du secrétaire permanent et du porte-parole du Palu selon cette décision prise et signée par Antoine Gizenga le 1er mai, est assuré désormais par le premier secrétaire permanent adjoint, Sylvain Ngabu.
Rappel : Les 7 conditions à défaut desquelles une élection sera NULLE.
L’élection est un processus complexe, une machine aux multiples rouages, et il faut que chacun de ceux-ci fonctionne impeccablement pour que l’élection puisse être valable.
Si un seul de ces rouages est défectueux ou grippé, cela met à néant la validité de tout le processus et les élections sont nulles. Schématiquement, ces conditions sont au nombre de sept:
1 – Le corps électoral doit être correctement connu et identifié. Là où, comme en RDC, le dernier recensement remonte au Déluge, ce recensement doit avoir lieu avant que l’on n’envisage d’organiser des élections .
2 – L’organisation pratique et matérielle des élections doit être confiée à une institution neutre et apolitique. C’est actuellement un point d’achoppement en RDC.
3 – Lorsque l’obstination d’un Président, jamais élu comme en RDC, ou simplement arrivé en fin de mandat, rend une Transition indispensable, celle-ci ne peut être présidée que par une personne consensuelle et qui s’engage à ne pas être candidate.
4 – La certification des résultats doit être confiée à un pouvoir judiciaire parfaitement indépendant.
5 – Toutes les opérations, depuis les bureaux de vote jusqu’à la proclamation finale, doivent être parfaitement transparentes, soumises à l’observation, tant des témoins désignés par les candidats que des observateurs nationaux ou internationaux. En particulier, les opérations électroniques doivent être, soit évitées, soit soumises à une surveillance particulièrement scrupuleuse. (Même si elles ne concernent que la transmission des résultats des bureaux locaux au bureau central. Le souci affiché de « gagner du temps »peut cacher une intention de gagner l’élection… en trichant).
6 – Les élections doivent être organisées par ordre d’importance croissante : régionales et locales, d’abord, provinciales et législatives ensuite, présidentielle en fin de parcours.
7 – Là où, comme en RDC depuis les élections de 2011, l’on vit sous un régime illégitime, il ne saurait être question d’impunité. Il faut des enquêtes sérieuses pour déterminer les causes et origines des irrégularités, qu’on punisse les responsables, qu’on les écarte définitivement de toute responsabilité électorale et qu’on en tire les conséquences quant aux futures élections. Il aurait dû y avoir une protestation générale des démocrates de tous les partis, car un démocrate ne saurait accepter que son candidat gagne par la fraude, la corruption et le mensonge.
Il est indispensable que TOUTES ces conditions soient réalisées EN MEME TEMPS. Sans quoi l’on s’expose aux pires aventures telles celles dont la RDC donne, pour son malheur, le triste exemple à l’Univers entier. Dans ce pays, en effet, aucune de ces sept conditions n’a jusqu’ici été respectée.
L’on pourrait ajouter une huitième condition aux sept énumérées ici : le soutien ferme et sélectif de la «communauté internationale » aux démocraties en construction. Mais cela ne dépend pas des pays africains eux-mêmes.
Presse et documents étrangers
Verbatim de la conversation publique entre Paul Kagame et MO IBRAHIM
https://www.facebook. com/loken.bondekwe/posts/ 1337882246356007
Monsieur MO IBRAHIM : Nous avons un gros problème africain c’est le dossier Congo. C’est un pays énorme plein de ressources, mais le pays est misérable, avec tant d’atrocités ; il y a un échec du leadership avec un président qui devait partir depuis quelques temps mais qui refuse d’organiser les élections. Où allons-nous avec ça ? Faut-il une intervention ? Quel genre d’intervention : armée ? diplomatique ? à travers des sanctions ? Quels moyens avons-nous pour gérer ce problème ? Vous avez probablement une des meilleures analyses de la situation au Congo vu du Rwanda puisque vous connaissez tous les acteurs… En fait, les gens vont vous faire le reproche parce que c’est vous qui avez placé de type au pouvoir franchement (Kagame acquiesce). Quelle est la marche à suivre ?
KAGAME : …… Pour ceux qui tiennent le Rwanda pour responsable de ce qui s’est passé au Congo durant les années passées, je n’ai pas d’objection à ce que les gens aient leur opinion. Le Rwanda est allé en guerre contre le Congo certes, mais pour certaines raisons. En fait, c’est le Congo qui est venu (faire la guerre) au Rwanda le premier, quand Mobutu est venu en 1990 dans notre pays en appui au président Habyarimana. Donc c’est le Congo qui est venu ici le premier…. ça c’est l’histoire…
Présentement au Congo, il doit y avoir une sorte de transition si on peut dire, ce n’est pas moi qui ai créé ça. Bon, des élections sont supposées arriver en RDC. Il y a encore des contestations quant à savoir si ces élections vont se tenir et quand… On se demande si les dirigeants actuels doivent rester en place ou s’ils doivent être mis de côté… Il y a encore bcp de frictions sur ces questions tant à l’intérieur du pays qu’à l’extérieur. Ce sont autant de problèmes sérieux sur lesquels les gens travaillent et essaient d’y trouver des réponses…
Ils sont parvenus à signer une sorte d’accord définissant la manière d’aller de l’avant, mais maintenant la nature du problème a changé car il y a des signes qui permettent de douter de son application effective. Ce que l’UA veut c’est que les parties congolaises continuent dans la voie du dialogue, que leurs leaders poursuivent leurs discussions, et s’ils en ont besoin, qu’ils bénéficient de l’appui des voisins ou de la communauté internationale qui y est déjà engagée à travers l’ONU, qui d’ailleurs a une importante force sur place depuis 25 ans mais si vous me demandez ce qu’elles ont réussi à faire depuis si longtemps je serai incapable de vous répondre…
MO IBRAHIM : Au fait nous avons un responsable des casques bleus parmi nous ici, le Belge je crois…. (il le cherche dans la salle)
KAGAME : OK, peut-être qu’il peut aider, mais ce ne sont pas leurs problèmes, ce sont nos problèmes. Parce que [Kagame s’exprime ici avec sarcasme] les gens peuvent venir vivre avec nous en essayant de résoudre nos problèmes et en fin de compte on se retrouve avec plus de problèmes que nous en avions avant qu’ils n’arrivent… En définitive le problème du Congo est sérieux et nous ne savons pas comment il va être réglé. Peut-être que les leaders du Congo nous écoutent en ce moment, ils doivent avoir une idée de ce qu’il y a à faire. Aussi peut-être que quelqu’un sait ce que nous devons faire parce que les problèmes du Congo ne touchent pas que le Congo, ils nous affectent également en tant que voisins. Le Congo a 9 voisins et chacun d’eux est affecté. Certains plus que d’autres. C’est pourquoi, les voisins peuvent légitimement dire ou faire quelque chose afin de faire en sorte que la transition en cours au Congo ne nous affecte pas. (…)
Vers le retour des marches de protestation
Christophe RIGAUD – Afrikarabia – le 01 Mai 2018
Devant l’incertitude du calendrier électoral et l’absence de décrispation politique, le Comité laïc de coordination (CLC) a annoncé la reprise de sanctions de contestation, après une trêve politique de deux mois. Depuis la dernière marche pacifique du 25 février, réprimée dans le sang, le Comité laïc de coordination (CLC), proche de l’Eglise catholique, avait suspendu sa mobilisation, espérant que le pouvoir donne des gages de bonne volonté dans l’organisation des prochaines élections, déjà reportées par deux fois. Le CLC avait donné aux autorités jusqu’au 30 avril pour faire avancer le dossier des prisonniers politiques et l’organisation des élections, prévues fin décembre 2018. Mais le bilan dressé par le Comité laïc ce 1er mai est cinglant.
Le CLC estime que l’actuel calendrier électoral reste « incertain ». Alors que la date de l’ouverture du dépôt des candidatures se rapproche à grand pas, « la Commission électorale (CENI) continue de gaspiller son temps, ses moyens et son énergie » estime le Comité qui dénonce l’utilisation de machines à voter « décriées et déconseillées par tous les pays ». Second point d’achoppement : la décrispation politique, qui reste au point mort. « Aucun opposant politique n’a été libéré ». On pense à Eugène Dioma Ndongala ou Jean-Claude Muyambo. Et « aucun exilé politique n’a pu retourner au pays ». On pense bien sûr à Moïse Katumbi, en exil forcé, qui risque la prison s’il décidait de retourner en RDC. Si le meeting de l’UDPS du 24 avril dernier a été autorisé, la totalité des autres manifestations sont systématiquement interdites, comme celles organisées par le mouvement citoyen Lucha à Goma ou Lubumbashi cette semaine.
La crainte d’un nouveau report des élections
Le Comité redoute également que la Majorité présidentielle ne cherche par tous les moyens à contrôler le scrutin, afin de conserver le pouvoir. La Commission électorale reste « partiale » selon le Comité. La CENI « s’entête à vouloir imposer la machine à voter » et un fichier électoral douteux et « non transparent ». « On ne sait rien de la destination de l’argent budgétisé et décaissé pour les élections, et l’audit de la CENI se fait toujours attendre » fustigent les membres du CLC. Le budget, « trop onéreux pour les capacités réelles du pays » fait craindre, là encore, un report du scrutin.
Enfin, le pouvoir en place à Kinshasa, bien décidé à gagner les élections, chercherait à « instrumentaliser la Cour constitutionnelle ». C’est ce que craint le Comité laïc, qui dénonce les récentes nominations des gouverneurs de province en septembre 2015, ainsi que la prorogation du mandat présidentiel en octobre 2016, validant ainsi le maintien au pouvoir de Joseph Kabila après le report des élections de décembre 2016. Le CLC redoute aussi que certaines candidatures d’opposants soient rejetées par la Cour dont les membres les plus frondeurs ont quitté l’institution.
Les deux scénarios du pire
Un an et demi après la fin officielle du mandat de Joseph Kabila, le président congolais continue de manœuvrer pour gagner du temps, rester en poste hors mandat, mais aussi pour faire gagner son camp lorsque les élections arriveront… coûte que coûte. Le Comité laïc de coordination entrevoit deux scénarios à la crise congolaise. Le premier envisage un troisième report de la présidentielle à une date « hypothétique ». Un scénario à haut risque pour le pouvoir, qui devra faire face à une population excédée par les atermoiements du président Kabila. Les manifestations interdites ont déjà fait des dizaines de morts depuis fin 2017.
Enfin, le scénario le plus redouté par les opposants est celui d’élections bâclées, sans mesure de décrispation politique, sans transparence… donc sans crédibilité et sans légitimité pour le nouveau président. Un scénario chaotique, qui rappellerait les élections de 2011, mais qui pourrait malheureusement contenter la communauté internationale, puisque les élections se seraient tout de même tenues malgré tout.
Face à ces deux scénarios du pire, le Comité laïc de coordination ne désarme pas et annonce « le démarrage de préparatifs d’actions pacifiques d’envergure, de protestation et de revendication, sur l’ensemble du territoire ». Le CLC demande aux Congolais de se mobiliser « dans l’unité, à travers toutes les provinces » dans les villes, les villages et les quartiers. Et en profite pour lancer un dernier message à destination de l’actuel chef de l’Etat : « il n’est jamais trop tard pour changer le cours de l’histoire », avant de prévenir… « nous ne baisserons pas les bras ».
L’ONU accuse Kinshasa d’obstructions à une enquête sur l’assassinat de ses experts
Voix de l’Amérique – le 02.05.2018,
Les services de sécurité de la République démocratique du Congo ont empêché des enquêteurs onusiens travaillant sur le meurtre en 2017 de deux experts de l’ONU d’interroger des témoins et des suspects, selon un rapport de l’ONU.
Le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres avait envoyé dans ce pays des enquêteurs pour aider les autorités à faire la lumière sur le meurtre le 12 mars 2017 de la Suédo-Chilienne Zaida Catalan et de l’Américain Michael Sharp. Ces deux experts ont été tués au Kasaï (centre) alors qu’ils enquêtaient sur des fosses communes.
« Plusieurs arrestations importantes ont eu lieu mais les progrès de l’enquête continuent d’être entravés par l’ingérence continue de l’appareil de sécurité » congolais, note le rapport remis il y a deux semaines aux membres du Conseil de sécurité, obtenu mardi par l’AFP. Des investigations avaient conclu en août à la responsabilité probable de milices locales dans le double meurtre des experts, sans toutefois exclure d’autres implications.
Un policier, François Badibanga, et un chef coutumier, Vincent Manga, meurtriers présumés, ont été arrêtés fin mars. Les enquêteurs onusiens ont pu les interroger brièvement avant leur transfert soudain à Kinshasa, note le rapport.
Ils ont aussi essayé en vain d’interroger des suspects arrêtés en décembre et l’interprète ayant accompagné les deux experts abattus mais celui-ci a été remis à des services de sécurité congolais, selon la même source.
« Il est clair que l’appareil sécuritaire à Kinshasa continue d’interférer avec le processus judiciaire et contrôle l’accès aux témoins et aux suspects clés », est-il écrit dans le rapport. L’armée congolaise a démenti toute implication dans le meurtre des experts de l’ONU, attribué par Kinshasa au mouvement Kamwina Nsapu, entré en rébellion après la mort de leur chef traditionnel dans un assaut de l’armée en août 2016.
Le secrétaire général de l’ONU a le projet de se rendre dans les mois à venir à Kinshasa avec le président de la Commission africaine Moussa Faki Mahamat, pour des discussions avec le président Joseph Kabila sur l’élection présidentielle prévue fin 2018.
Les laïcs catholiques se structurent et relancent leur résistance pacifique.
RFI-le 02 mai 2018
Les laïcs catholiques mettent fin à leur trêve et annoncent « de nouvelles actions pacifiques », sans préciser de date. En mars dernier, quelques jours après leur troisième grande manifestation réprimée dans le sang, le Comité laïc de coordination (CLC) avait donné jusqu’au 30 avril aux autorités congolaises pour prouver leur volonté d’organiser des élections crédibles, libres et transparentes.
Pour évaluer la situation, le CLC a donc tenu lundi et mardi son premier congrès à Kinshasa, avec des participants venus de différentes provinces du pays. Dans leur déclaration finale, ils font le constat « amer » que la situation reste « préoccupante ».
L’avenir du pays est « plus que sombre » parce qu’il est « incertain », estime le CLC. Plusieurs points inquiètent les laïcs.
D’abord le calendrier. L’audit du fichier électoral n’a pas débuté, ni l’enrôlement des Congolais de l’étranger ce qui fait craindre des retards. Ensuite, « aucune » des mesures annoncées pour décrisper le climat politique n’est véritablement appliquée, estiment les laïcs. Toujours pas d’« opposants emblématiques libérés » et une interdiction de manifester qui selon eux n’est pas levée.
Ils se méfient également de la Commission électorale, accusée de briller par son « opacité » et sa « partialité ». Bref, le CLC n’a pas confiance et redoute deux scénarios : soit un nouveau report des élections au-delà du 23 décembre, « en prenant prétexte des difficultés logistique », soit des élections à la date prévue mais « sans transparence ni crédibilité », mais validée par une Cour constitutionnelle à la solde du pouvoir.
Dans les deux cas prévient le CLC, « nous n’accepterons jamais et nous ne baisserons pas les bras ».. Souvent accusé d’être une émanation du seul diocèse de Kinshasa, le Comité laïc a aussi profité de la trêve pour se structurer, d’où ce premier congrès qui s’est tenu en présence de six nouveaux représentants, désignés dans les six provinces ecclésiastiques du pays .
Dan Gertler obtient le gel des actifs de Glencore en RDC
Christophe Le Bec – Jeune Afrique – le 03 mai 2018
L’homme d’affaires israélien réclame 3 milliards de dollars à l’opérateur suisse qui ne lui a pas versé de royalties depuis cinq mois. Un arriéré dont Glencore conteste le montant, mais pas le principe, et qui s’explique par les sanctions économiques américaines visant Dan Gertler.
Les difficultés du géant suisse du négoce Glencore en RDC ont pris une nouvelle ampleur. Le 25 avril, la Gécamines, détenue par l’État, avait annoncé demander à la justice congolaise de mettre fin à sa coentreprise avec lui pour l’exploitation du gisement de cuivre et de cobalt de Kamoto.
Deux jours plus tard, le 27 avril, c’était au tour de l’homme d’affaire israélien controversé Dan Gertler d’obtenir du tribunal de commerce de Kolwezi un gel de ses actifs en RDC au motif que la compagnie ne lui a pas payé les royalties qu’elle lui devait.
En effet, sorti définitivement du capital des deux exploitations congolaises de Mutanda et Kamoto en février 2017, après un rachat de ses dernières parts par Glencore pour 960 millions de dollars, l’Israélien détenait toujours un droit à percevoir des royalties, racheté à la Gécamines.
Si Glencore n’a pas versé ces sommes depuis cinq mois à son ancien partenaire, c’est parce que le Bureau du contrôle des avoirs étrangers du département du Trésor américain en décembre dernier, placé Dan Gertler sur une liste de personnalité ciblées par des sanctions économiques pour soupçons de corruption. Tous ses biens et comptes bancaires sur le territoire américain doivent être saisis ou gelés par la justice américaine.
Quelle justice pour trancher ?
Il est par ailleurs interdit aux ressortissants des États-Unis – y compris les personnes morales comme les entreprises – d’effectuer quelque transaction que ce soit avec les personnes ou entités sanctionnées. Si Glencore, société suisse, mais qui dispose de filiales et d’activités aux États-Unis, fait une transaction avec Dan Gertler ou l’une de ses sociétés, il risque les foudres de la justice américaine.
Dan Gertler estime les royalties impayées à Ventora Development Sasu et Africa Horizons Investments Ltd, – deux parmi la kyrielle de ses sociétés, généralement immatriculées dans le paradis fiscal des Îles vierges britanniques – à 3 milliards de dollars (2,5 milliards d’euros), dont 2,28 milliards pour la mine de Kamoto, et 695 millions de dollars pour celle de Mutanda. Des chiffres que Glencore juge surévalués, même s’il affirme chercher une manière de remplir ses obligations contractuelles sans subir les sanctions américaines.
Le groupe suisse, piloté par le sud-africain Ivan Glasenberg, conteste aussi le recours de Gertler à la justice congolaise, arguant que le lien contractuel avec Ventora est régi par le droit anglais. Le 30 avril, il a donc saisi la justice londonienne pour trancher son différend avec son ex-partenaire israélien.
Yoweri Museveni estime que les occidentaux ont placé une « marionnette » à la tête de la RDC
Jeune Afrique – le 04 mai 2018
En déplacement au Soudan du Sud pour rencontrer son homologue Salvir Kiir, le président ougandais Yoweri Museveni a déclaré qu’après la mort de Patrice Lumumba, les pays occidentaux avait placé « une marionnette » à la tête de la RDC, critiquant au passage la mission de l’ONU au Congo.
Invité d’honneur d’une réunion du Mouvement populaire de libération du Soudan (SPLM) du président sud-soudanais Salva Kiir, le président ougandais Yoweri Museveni, médiateur du conflit en cours au Soudan du Sud a profité de son discours pour aborder le sujet de son voisin congolais et s’en prendre à l’ONU.
Le chef de l’État ougandais, au pouvoir depuis 1986, a déclaré que « les pays occidentaux sont venus et ont tué Lumumba, l’accusant d’être communiste. Ils se sont débarrassés de lui car il n’était pas une marionnette. Ils ont ensuite mis un chef marionnette. Depuis, l’ONU est au Congo ».
Ce n’est pas la première fois que l’ancien chef de guerre de 73 ans critique la mission onusienne en RDC. Trois jours après l’attaque meurtrière de la base de la Monusco de Semuliki, dans le Nord-Kivu, Yoweri Museveni s’était fendu d’une déclaration dans laquelle il accusait la mission de stabilisation de l’ONU de soutenir les rebelles ougandais ADF, soupçonnés d’être derrière l’assaut.
Les Forces démocratiques alliées sont un groupe armé ougandais, actif sur le sol congolais depuis 1995, qui lutte contre le régime du président Yoweri Museveni, au pouvoir depuis 32 ans en Ouganda. Créées pour défendre les droits de musulmans s’estimant bafoués par l’homme fort de Kampala, les ADF avaient été progressivement repoussées vers l’Ouest par l’armée ougandaise, jusqu’à s’installer en RDC.
L’audit du fichier électoral pourrait être repoussé
RFI – le 05.05.2018,
L’audit du fichier électoral pourrait être reporté en RDC. Selon le calendrier électoral, cet audit devait débuter le 6 mai et durer trois semaines, un calendrier présenté par la Céni comme impératif pour obtenir le respect des nouveaux délais pour la tenue des élections à la fin de l’année. Mais l’OIF, qui doit effectuer cet audit, attend toujours la mise en place d’un comité de pilotage pour lancer ses travaux.
L’opposition et une partie de la société civile avaient déjà critiqué le fichier électoral, estimant qu’il serait l’une des pierres angulaires d’une fraude annoncée. La Céni s’était pourtant livré à une opération de dédoublonnage qui avait retiré 6 millions d’électeurs de fichier, notamment des enfants, pour ramener la population électorale à 40 millions.
Quant à l’audit en lui-même du fichier électoral, l’OIF pressentie depuis 2015 n’avait été officiellement sollicitée par la Commission électorale que fin mars. Mais dans une lettre adressée à la Céni la semaine dernière, l’Organisation internationale de la francophonie disait toujours attendre d’elle la mise en place d’un comité de pilotage auquel seraient associés tous les acteurs politiques, mais aussi les partenaires techniques et financiers. C’est pour l’OIF l’une des conditions essentielles de sa coopération technique.
Pour l’OIF, la balle est dans le camp de la Céni
L’OIF a rappelé dans sa lettre à la commission électorale, que l’organisation ne pouvait réaliser cet audit qu’avec une démarche transparente et inclusive. Ce qui n’aurait rien de nouveau ou de surprenant pour la Céni, puisqu’en 2015, pour le précédent audit du fichier par l’OIF, la Commission électorale avait mis sur pied un comité de pilotage qui incluait à la fois les différentes forces politiques, majorité, opposition, la société civile et les partenaires techniques et financiers.
« A l’époque, une partie de l’opposition avait refusé d’y participer, mais ces leaders ont depuis fait part de leur regret de ne pas s’être inscrit dans cette démarche », explique-t-on aujourd’hui du côté de l’OIF. La balle serait donc dans le camp de la Céni qui, selon le calendrier électoral, n’a plus que jusqu’à lundi pour garantir cette participation inclusive.
« Nous, on est prêt à déployer nos experts, prêt à faire un audit qualitatif et quantitatif du fichier, assorti de recommandations », explique encore un représentant de l’OIF. Ce n’est pas le seul programme proposé à la RDC pour lequel la Francophonie attend une réponse. Au vu de la contestation par l’opposition et une partie de la société civile des décisions de la Cour constitutionnelle et des cours d’appel dans le cadre du processus électoral, l’OIF avait également proposé un programme de renforcement du contentieux électoral, à la fois sur le dépôt des candidatures et sur les élections elles-mêmes ».
Les Congolais unis pour garder l’eau de leur fleuve
Marie-France Cros – La Libre Afrique – le 05.05.2018,
La République démocratique du Congo (RDC) n’a pas signé, dimanche 29 avril, un protocole d’accord sanctionnant la fin du premier sommet du Fonds bleu du bassin du Congo, à Brazzaville. En cause: le manque de considération pour les positions de Kinshasa au sujet de l’eau du bassin du Congo, alors que l’ancienne colonie belge est la principale concernée.
Ce doit être le seul sujet qui mette tous les Congolais d’accord, Majorité présidentielle comme opposition: on ne les dépouillera pas de l’eau du fleuve Congo et surtout pas sans les consulter. Or, c’est bien ce qui s’est fait du 26 au28 février dernier à Abuja (Nigéria). En l’absence de la RDC mais en présence de l’Unesco et de représentants de la Libye, du Gabon et de Centrafrique, les dirigeants des pays de la Commission du bassin du lac Tchad (Tchad, Niger, Nigéria, Cameroun), ont décidé de relancer un vieux projet italien des années 70, Transaqua par la « Déclaration d’Abuja ». Ce projet, élaboré par le cabinet d’ingénieurs Bonifica, prévoit de remplir le lac Tchad (qui a perdu 90% de sa superficie en 40 ans) par transfert des eaux du bassin du fleuve Congo, grâce à deux barrages à construire en Centrafrique, à un canal de 2400 km à creuser, en passant par l’affluent du Congo, l’Oubangui, et par le Chari. On parle de 100 milliards de mètres cubes par an.
Instabilité politique
Le projet – qui semble irréalisable en raison de l’instabilité politique en Centrafrique et autour du lac Tchad, où règnent les islamistes de Boko Haram – est d’un coût estimé à 14 milliards de dollars (11,5 milliards d’euros). Il a longtemps été oublié, faute de financement, jusqu’à ce que Bonifica fasse appel au géant chinois de l’énergie, Power China, qui a déjà construit un barrage au Cameroun. Les deux entreprises ont signé un accord en 2017, selon l’AFP, et l’entreprise chinoise a été chargée de conduire une étude faisabilité.
Sans attendre celle-ci, en février dernier à Abuja, le secrétaire exécutif de la Commission du bassin du lac Tchad, Sanusi Abdullahi, déclarait que ce transfert des eaux n’était « pas une option mais une nécessité ». Et le président du Niger Mahamadou Issoufou ajoutait que le projet Transaqua était « certes ambitieux, mais indispensable à la survie de la planète », rapportait RFI.
Les spécialistes sont loin d’être d’accord avec cette assertion et les Congolais y sont carrément opposés. Un observateur au Congo note qu’il n’y a en RDC qu’une seule rivière qui ne fasse pas partie du bassin du Congo, la Semliki, à la frontière ougandaise, qui coule vers le Nil. Les spécialistes soulignent en outre que le bassin du Congo est le deuxième poumon de la terre après l’Amazonie; qu’il constitue une réserve de carbone d’importance mondiale pour la régulation des gaz à effet de serre; qu’il assure la régulation du climat de l’Afrique centrale; qu’il est d’une biodiversité exceptionnelle; que 200 millions de personnes y vivent (contre 40 millions dans le bassin du lac Tchad). Et surtout qu’on ne dispose pas d’assez de connaissances pour prévoir précisément ce qu’un tel prélèvement d’eau entraînerait pour le bassin du Congo.
Tollé à Kinshasa
Le projet Transaqua a soulevé un tollé en RDC. Auteur en 2016 du livre « La guerre de l’eau à la porte de la RDC », l’éditeur du Potentiel et sénateur d’opposition Modeste Mutinga a réagi de manière carrée: « On ne doit pas chercher à résoudre un problème dans un coin et en créer un ici, en RDCongo », a-t-il déclaré à l’AFP. Le chef du principal parti d’opposition, Félix Tshisekedi, y voit « un risque pour la stabilité du pays ». De l’autre côté de l’échiquier politique, le député de la Majorité présidentielle Patrick Kakwata a qualifié Transaqua de « danger pour la République ». Le 4 avril, le ministre congolais de l’Environnement, Ami Ambatobe avait déclaré devant le parlement que ce projet risquait de mettre en péril l’agrandissement du barrage d’Inga, dit « Grand Inga ».
En mars dernier, l’administrateur directeur technique honoraire de la Régie des voies fluviales de RDC, Jean-Pierre Muongo, soulignait dans un rapport que des études climatiques de la Nasa montraient clairement que la tendance était à une augmentation des pluies dans le bassin du lac Tchad et à une diminution dans les années à venir dans celui du Congo. Déjà, la décrue du Congo affecte le fonctionnement du barrage d’Inga (RDC) tandis que l’Oubangui n’est plus navigable que 6 mois par an au lieu de 12.
La superficie du lac Tchad, passée de 25.000 km2 en 1964 à dix fois moins en 2004, serait, elle, repassée à 14.000 km2. Ce lac, peu profond, est d’une superficie très changeante, au gré du climat et du débit du fleuve Chari, qui l’alimente.. Selon M. Muongo, il « avait séché vers les années 1830 » puis encore « vers les années 1900 », avant les années 1970-80. Certains spécialistes notent que son rétrécissement a dégagé des terres fertiles exploitées aujourd’hui.
La demande d’étude d’impact reste sans suite
Muongo note encore qu’une étude d’impact environnemental et social avait été demandée par Kinshasa et Brazzaville à la Commission du bassin du lac Tchad – qui n’en a rien fait. Et il souligne que les signataires de la Déclaration d’Abuja approuvant le projet Transaqua devaient au départ réfléchir à d’autres moyens de venir au secours du lac Tchad, moyens qu’ils n’ont finalement pas même mentionnés: éliminer les pratiques culturales gaspillant l’eau; mettre en œuvre des plans de gestion intégrée des ressources en eau dans chaque pays riverain; recourir aux abondantes eaux souterraines; réguler l’utilisation de l’eau pour l’irrigation. Roland Pourtier, président de l’Association des géographes français et l’un des coordinateurs de l’Atlas du lac Tchad a déclaré à Jeune Afrique que « l’intérêt de ce projet est probablement en partie financier ».
Certains, à Kinshasa, ne manquent pas de comparer cette manière de décider de l’utilisation des ressources du Congo sans consulter le Congo à la Conférence de Berlin, en 1885, où les puissances européennes se partagèrent l’Afrique. Le 29 avril, le ministre congolais des Transports, José Makila, a bien montré le mécontentement des Congolais en refusant de signer le protocole de Brazzaville