GUERRE A L’EST RDC: la coupure des axes routiers par le M23 complique l’approvisionnement de Goma
Tiré de RFI.fr
Vendredi 2 février, les rebelles ont lancé une nouvelle offensive et se sont emparés de la localité de Shasha. Celle-ci se trouve sur la route nationale qui relie Goma à Bukavu, les chefs-lieux des deux provinces du Nord-Kivu et du Sud-Kivu. Ce qui va poser un problème d’approvisionnement pour la ville de Goma.
Avec la prise de la localité de Shasha par les rebelles du M23, tous les grands axes routiers menant à Goma sont désormais coupés. Le passage sur cette route est pour l’instant bloqué, même à moto, selon la société civile. Les positions rebelles sont au nord, à l’ouest et maintenant au sud.
Si l’approvisionnement de Goma reste encore possible par le lac Kivu et la frontière avec le Rwanda, il est cependant difficile, souligne Stewart Muhindo, militant à la Lucha : « Tous les produits vivriers, les haricots, le maïs, le manioc, venaient de Rutshuru, du territoire de Masisi et d’une partie du territoire du Sud-Kivu. Rutshuru et Masisi étaient déjà coupées avec la prise des localités sur la route nationale. Donc cette voie du Sud-Kivu était la seule voie d’approvisionnement en denrées alimentaires pour Goma. »
Le prix des denrées avait déjà fortement grimpé depuis la résurgence du M23 il y a deux ans. Ces derniers imposent des taxes sur tous les produits transportés sur les routes qu’ils contrôlent, explique John Banyene, président de la société civile du Nord-Kivu : « À chaque passage, ces camions-là sont taxés, à l’aller comme au retour. Quand les camions reviennent de cette zone sous contrôle avec le maïs, la farine, la camionnette peut payer de 300 à 700 dollars. Cela impacte les prix de vente et la population est la première victime. »
En quinze mois, le prix d’un sac de 100 kg de haricot est passé de 80 à 125 dollars.
Le président Félix Tshisekedi a réuni le conseil supérieur de la Défense lundi 05.02 soir. « Tout est mis en œuvre pour que Goma ne tombe pas » aux mains des rebelles accusés d’être soutenus notoirement par l’armée rwandaise, a déclaré Jean-Pierre Bemba, le vice-Premier ministre en charge de la Défense. « Il faut faire attention aux réseaux sociaux qui alimentent – et certainement que l’ennemi y est pour quelque chose – pour créer une peur, une fragilité dans les esprits. Tout est mis en oeuvre également par les forces armées pour récupérer toutes ces localités occupées par les forces rwandaises. Les forces armée sont en train de faire un travail extraordinaire, l’ennemi subit d’énormes pertes sur le territoire », a encore assuré Jean-Pierre Bemba, le vice-Premier ministre.